La pédagogie du français

La méthode syllabique

D’un point de vue scientifique, le mot n’est pas une image

Les travaux scientifiques de R.W.SPERRY, Prix Nobel de médecine en 1981, nous prouvent qu’il existe deux formes de graphisme bien différentes : les mots et les images.
– Les mots sont pris en charge par l’hémisphère gauche du cerveau qui part du détail vers le général,
– Les images sont traitées par l’hémisphère droit du cerveau qui travaille de manière analogique en partant du global pour aller vers le détail.
En bref, le mot n’est pas une image et n’est donc pas traité comme telle par le cerveau humain. Ces démarches ont été confirmées par les IRM !

Selon le docteur Wettstein-Badour:

Le Docteur WETTSTEIN-BADOUR explique que l’hémisphère cérébral gauche a besoin de décoder chaque mot, grâce à la connaissance du code alphabétique. Voilà pourquoi les enfants essaient toujours de redescendre vers ce qui compose le mot. La difficulté devant laquelle se trouve l’enfant va le décourager et lui faire perdre confiance en lui. Même pour les plus débrouillards qui donnent le change, les dégâts provoqués sur le cerveau de l’enfant par une méthode (semi) globale existent : une fois les circuits neuronaux en place, ils se développent et sont ensuite constamment utilisés pour toute réflexion.
Or dans les méthodes globales ou semi-globales le mot est considéré comme une image qui doit être mémorisée dans son ensemble avec sa signification et sera ensuite « reconnu » quand il sera à nouveau rencontré.
Seules les méthodes syllabiques permettent aux élèves de maîtriser le code alphabétique en partant des lettres et en leur associant le son correspondant.
Montaigne disait que le but de toute instruction était la construction d’une tête bien faite. Soyons donc conscients de la responsabilité des méthodes employées sur nos enfants, car elles ont des conséquences durables sur leur façon de raisonner.
« Alors que les méthodes globales ne distinguent aucun mot parmi les autres, les méthodes mixtes isolent dans les phrases des « mots-outils » qui doivent être mémorisés. Ceux-ci sont également proposés sous forme d’étiquettes que l’enfant doit reconnaître et qu’il manipule pour construire des phrases. Les prénoms des élèves de la classe, les jours de la semaine, et bien d’autres éléments font partie de ces « mots-outils ». Ils sont le plus souvent affichés sur les murs de la classe, et ce, dès la grande ou même parfois la moyenne section de maternelle pour « familiariser l’enfant avec l’écrit ».

La gestion mentale

La méthode

Elaborée par Antoine de la Garanderie, la gestion mentale s’appuie en particulier sur :

  • la perception : ce sont nos cinq sens qui nous permettent de découvrir le monde extérieur. Ils sont primordiaux. Mais si notre conscience n’est pas éveillée, beaucoup de choses nous échappent. Ex : je peux lire un texte et ne pas me souvenir de ce dont il parle car mon attention était ailleurs.
  • L’évocation : reformuler pour soi ce qui a été compris est très important. Par des questions, le maître invite l’élève à exprimer à haute voix ce qu’il a compris et retenu. Cette mise en mots est capitale et permet une mémorisation à long terme des notions.
  • La mémorisation consiste à placer la nouvelle notion dans son univers mental pour l’exploiter ultérieurement. Il faut créer chez les enfants une petite voix intérieure (Cf pédagogie de Madame Nuyts) qui va leur permettre de suivre un raisonnement logique. La qualité de la mémorisation se travaille, pour cela il faut l’entrainer.

 

Point fort de la méthode :

Au final, la mémorisation permet à l’enfant de réfléchir seul. Il est capable de faire seul un exercice car il se rappelle tout ce qu’il a compris et se le redit à voix basse. Les enfants se chuchotent pour eux-mêmes. La classe ne dort pas, chacun se chuchote pour lui-même le raisonnement à faire. Voilà une classe vivante mais calme !

La méthode Jean qui rit

Utilisée en CP, cette méthode gestuelle est un complément pour la méthode syllabique. L’enfant est sans cesse en mouvement. Il a de la vie. La méthode Jean qui rit prend en compte cette vivacité.

Pour chaque son, l’enfant doit observer la lettre, il écoute le son qu’elle fait et y associe un geste. Le geste suscite chez l’enfant de l’intérêt. A chaque geste s’associe un son, cela est automatique pour l’enfant. Après le phonème (son) vient le graphème, c’est-à-dire comment s’écrit la lettre. L’enfant la reproduit dans l’air, le sable… en verbalisant ce qu’il fait. Cette méthode permet de prévenir toute tendance faible à la dyslexie.

La méthode de la grammaire structurante

Pour construire un enfant dans sa totalité, il faut structurer sa pensée : voilà ce qui fera de lui un homme libre. Après 30 ans d’expérience, Elisabeth Nuyts nous apprend comment enseigner aux enfants en respectant le cheminement naturel de la pensée consciente. Toute notion doit en premier lieu être abordée de manière concrète (par le toucher) et mise en mots, expliquée à voix haute. La reformulation par l’élève de ce qu’il a compris lui permet de d’accéder à sa conscience puis de mémoriser. Il s’agit ensuite pour le maître de veiller à l’acquisition progressive des connaissances.
C’est ainsi que Madame Nuyts a pu relier dyslexie et apprentissage global et silencieux chez certains enfants, par ailleurs très intelligents. Voyez plutôt :

Sans parler cet enfant n’avait vu ni les formes semblables, ni les positions, ni les orientations. Et que dire des omissions ! Nous avons là tous les défauts du dyslexique. Quelle est en effet la différence entre p b d et q, si ce n’est la différence de position de la barre par rapport au rond ?